Il fait rimer transhumance avec modernit Il fait rimer transhumance avec modernité
Un élevage peut rester traditionnel, tout en développant ses performances techniques. C’est le cas chez Christian Capdeville, éleveur transhumant, naisseur et engraisseur de blondes d’Aquitaine.
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Cela fait douze ans que Christian Capdeville a repris l’exploitation de sa belle-famille à Lurbe-Saint-Christau, petit village de 200 habitants du piémont pyrénéen. Située à 300 mètres d’altitude, l’exploitation fait face aux montagnes de la vallée d’Aspe et un col la sépare de la vallée voisine, la vallée d’Ossau. Lui-même fils d’éleveur, mais forestier de formation, Christian décide de se mettre à son compte lorsque sa belle-mère prend sa retraite. En 1991, à cause de la brucellose, le cheptel avait été complètement renouvelé. En 2006, l’éleveur hérite d’un troupeau de blondes d’Aquitaine de bonne génétique, mais qui peut progresser sur le plan technique. Tout en gardant un système traditionnel de troupeau transhumant, Christian s’applique à améliorer ses performances.
L’éleveur, âgé de 48 ans, travaille seul sur l’exploitation. Sa femme exerce sa profession à l’extérieur. Ses deux enfants de 15 et 20 ans l’aident un peu l’été. En douze ans, il a doublé sa SAU et son cheptel est passé de 44 à 64 mères. En raison d’un manque de surface et de temps, pas question d’augmenter davantage : « Ce serait trop compliqué à cause du morcellement de l’exploitation. Il faudrait aussi produire plus de matière première et je ne peux pas. » De novembre à avril, son troupeau reste en stabulation. Au printemps, après une courte période de pacage, direction la montagne. Grâce à la transhumance, l’éleveur peut stocker suffisamment de fourrages (foin et regain) et de maïs sur l’exploitation pour rester autonome. Ses seuls achats extérieurs sont la paille importée d’Espagne et des tourteaux de soja pour l’engraissement.
L’été, l’éleveur va voir ses vaches tous les dix jours environ. Il lui faut 1 h 30 pour rejoindre l’une ou l’autre estive. « Normalement, je les retrouve là où je les ai laissées. Pour que tout se passe bien là-haut, je garde mes vaches les plus sages et expérimentées longtemps, car elles servent de guide aux plus jeunes. Les plus anciennes ont douze ans. Sinon, mon troupeau a six ans de moyenne d’âge. » Fin août, ses blondes d’Aquitaine reviennent sur l’exploitation « sans gras et en forme ! » Les premiers vêlages commencent mi-septembre et s’étalent jusqu’au 20 janvier.
Optimiser sans cesse
L’éleveur s’investit techniquement : suivi de fécondité et insémination artificielle, cage de contention pour suivre de près la croissance des animaux, contrôle des performances, formation à l’alimentation (Obsalim)… Cela fait quatre ans qu’il regroupe toutes les primipares dans le même box et optimise leur régime alimentaire. Depuis que les veaux tètent à la demande, les problèmes de diarrhées semblent s’estomper. En dix ans, les poids carcasses de ses vaches ont progressé d’une soixantaine de kilos.
Il a longtemps vendu veaux maigres et vaches de réforme à une coopérative d’éleveurs. Désormais, il cherche des créneaux plus rémunérateurs. Pour la deuxième année, il engraisse quelques taurillons (450 kg à 13 mois). De huit animaux pour l’instant, il compte en produire une quinzaine par an car il a calculé que cet engraissement lui apporte une plus-value nette de 200 € par veau. « Dans notre piémont pyrénéen, les éleveurs font surtout du maigre. Par tradition, mais aussi sans doute par manque de culture. Mais avec un GMQ de 1,8 kg/jour, je suis content du résultat. »
Depuis un an, à sa grande satisfaction, un boucher local lui achète ses vaches, une quinzaine par an. « La blonde d’Aquitaine est très appréciée pour sa carcasse et la qualité de sa viande. L’abattoir n’est qu’à une dizaine de kilomètres. J’amène mes bêtes le matin même de l’abattage. Elles sont beaucoup moins stressées et cela joue aussi sur la qualité de la viande. » Il garde la moitié de ses génisses pour le renouvellement. Vendues pour l’instant en broutard, les velles se valorisent moins bien que les veaux. Alors Christian cherche un créneau différent. Il pense notamment à du « veau rosé ». « Notre métier évolue et je me remets en question régulièrement, conclut-il. Tout augmente autour de nous, mais le veau se vend au même prix qu’il y a vingt ans ! Il faut donc être bon techniquement et optimiser sans cesse car la situation économique reste difficile. »
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